Les hépatites, c’est quoi ?

Camille Lebreton, Biologiste Médical chez Eurofins.

Les hépatites sont des inflammations du foie ; leurs causes peuvent être variables mais elles entrainent toutes une dégradation de l’organisme, et peuvent se compliquer en cirrhose, cancer du foie, voire nécessiter une transplantation.

En France, il est possible d’éviter de développer une hépatite en suivant quelques recommandations.

Mais le foie, il sert à quoi ?

Le foie joue plusieurs rôles :

• Dans le métabolisme des sucres (glucides)

Il participe au maintien d’un niveau de glycogène constant. Le glycogène correspond à une forme de « réserve » de l’énergie contenue dans les sucres.

• Dans le métabolisme des protéines

Le foie synthétise la majeure partie des protéines de l’organisme ; l’albumine, la transferrine (protéine qui permet de transporter le fer pour créer des globules rouges), les facteurs de coagulation (qui permettent aux plaises de cicatriser), les protéines de l’inflammation (qui interviennent dans la réponse immunitaire face aux infections), les acides aminés, etc…

• Dans le métabolisme des lipides (gras)

Le cholestérol est éliminé par la bile, qui est produite et transformée par le foie. Le foie est également un lieu de stockage des lipides.

• Dans l’épuration du corps en ammoniac

L’ammoniac est un déchet du corps, produit lors de la formation des protéines ; le foie le transforme en urée, qui sera éliminée dans les urines.

Le foie est donc un organe primordial au bon fonctionnement de l’organisme ; lorsqu’il est abîmé, notamment lors d’une hépatite, il ne peut plus assurer ces fonctions.

Il peut y avoir plusieurs causes à l’apparition d’une hépatite :

Hépatites auto-immunes

Ce type d’hépatites peut être déclenché lors de la prise de certains antihypertenseurs et antibiotiques.

La prise de ces médicaments cause l’apparition d’auto-anticorps, qui sont des anticorps dirigés contre les cellules du foie. Ces anticorps vont donc directement détruire le foie en lui causant des lésions.

Ces hépatites peuvent être diagnostiquées par prise de sang, en observant la présence d’auto-anticorps circulants).

Hépatites métaboliques

Elles sont secondaires à une pathologie, comme une hémochromatose ou une maladie de Wilson. Dans ces deux maladies, le foie est saturé en métaux (fer ou cuivre), ce qui va l’abîmer progressivement.

Hépatites toxiques

Elles sont très fréquentes et sont secondaires à une consommation répétée d’alcool, ou à une prise de paracétamol à une dose toxique (plus de 10g par jour).

En effet, l’alcool et le paracétamol sont métabolisés par le foie ; une prise trop importante sature le foie, qui s’abîme.

Sur des analyses biologiques, une hépatite toxique se confirme lorsqu’on observe un rapport ASAT/ALAT supérieur à 1, et une augmentation des immunoglobuline G.

ATTENTION : la prise excessive de paracétamol est la première cause de greffe dans le monde ; les médicaments ne sont jamais anodins. En cas de douleurs intenses ou chroniques, demandez à votre médecin de vous prescrire d’autres molécules pour alterner, ou un traitement plus fort. La dose de paracétamol à ne pas dépasser est de 4g/ jour, à raison d’1g toutes les 6h.

Hépatites virales

Les hépatites virales sont classées de A à E en fonction de la famille du virus en cause. Leur principal point commun est leur capacité à infecter les cellules du foie et à s'y multiplier. Face à cette infection, le système immunitaire de l'hôte réagit, entraînant une destruction des cellules infectées et une inflammation (hépatite).

L'Hépatite A

Le virus de l’hépatite A se transmet le plus souvent par les mains, ou par l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés par les matières fécales. 

Environ 1200 infections par an en France.

L’infection peut être d’asymptomatique mais elle peut constituer une forme plus grave et aller jusqu’à l’hépatite fulminante. Elle est asymptomatique chez 90 % des enfants avant 5 ans. Elle est symptomatique après l’adolescence dans 70 à 80 % des cas.

L'Hépatite B (VHB)

Infections virales du foie pouvant être très sévères. Le VHB est présent à concentration élevée dans le sang des individus infectés. La contamination mère-enfant est possible via au moment de l’accouchement via le sang maternel contaminé. Le risque de transmission verticale est corrélé à la charge virale chez la maman.

La contamination est également possible par l’échange de matériel contaminé (toxicomanie), on retrouve la transmission sexuelle du VHB (IST), contamination par des actes percutanés sans respect des règles d’hygiène (tatouages piercing) ou encore contact entre une plaie et un objet souillé par le VHB.

Le VHB est retrouvé dans 50% des cas de cancer du foie chez d’adulte et près de 100 % des cas chez l’enfant. Il y a une proportion importante de personnes coinfectés par le virus de l’immunodéficience humaine et le VHB (mode de transmission commun).

La transmission du virus de l'hépatite D (VHD) se fait selon les mêmes modes que pour le VHB, son virus auxiliaire. La transmission du VHD n’est possible qu’en présence du VHB.

Environ 135 000 personnes vivent avec une hépatite B en France.

Vaccination : Le vaccin contre le VHB est un vaccin obligatoire.

L'Hépatite C

Le virus de l’hépatite C se transmet principalement par contact direct ou indirect avec du sang infecté (par partage de matériel d’injection chez les usagers de drogues, par réalisation d’un tatouage ou d’un piercing avec du matériel réutilisé, sans usage unique).

Environ 100 000 personnes vivent avec une hépatite C en France.

L'Hépatite D

La transmission du virus de l'hépatite D (VHD) se fait selon les mêmes modes que pour le VHB, son virus auxiliaire. La transmission du VHD n’est possible qu’en présence du VHB.

Les cas de coïnfection VHB/VHD sont rares (2% des cas). Elle est à l’origine d’une hépatite aigue avec un risque d’hépatite fulminate. La résolution de l’infection survient dans 80% à 95% des cas avec disparition des deux virus.

L'Hépatite E

L’hépatite E est une maladie causée par un virus, transmis de l’animal à l’Homme, essentiellement par consommation de viande de porc peu cuite dans les pays européens. 

Environ 2000 cas d’hépatites E rapportés chaque année en France.

Les symptômes retrouvés les plus fréquents sont l’ictère et l’asthénie. La phase pré-ictérique est marquée par des symptômes digestifs puis apparait l’ictère avec la présence d’urines foncées et de selles décolorées.

L’hépatite E peut également être responsable de symptômes extra-hépatiques notamment neurologiques centraux ou périphériques (syndrome de Guillain-Barré, de Parsonage-Turner, polyradiculite, encéphalite etc.), rénaux ou hématologiques.

 

UNE HÉPATITE EST LE PLUS SOUVENT SANS SYMPTÔMES MAIS PEUT SE MANIFESTER PAR :

L’importance du dépistage

Dans de nombreux cas, le portage d’un virus de l’hépatite est silencieux. Pour savoir si vous êtes porteur du virus, il faut réaliser un dépistage (recherche d’anticorps dans votre sang).

Les symptômes de l'hépatite sont un jaunissement de la peau et des yeux (ictère), des urines foncées, une fatigue extrême, des nausées ou vomissements et des douleurs abdominales. Mais le plus souvent les infections passent inaperçues avec un risque de développer une hépatite chronique pour les virus B, C, D.

Dans ce cas votre médecin prescrira un bilan hépatique pour évaluer l’état de votre foie (cytolyse, cholestase). Si le bilan est perturbé, des examens complémentaires sont nécessaires pour chercher la cause de l’hépatite (virale ? toxique ? auto-immune ?...).

Dans de nombreux cas, le portage d’un virus de l’hépatite est silencieux. Pour savoir si vous êtes porteur du virus, il faut réaliser une sérologie virale (recherche d’anticorps dans votre sang).

Analyses biologiques :

Il est relativement simple de confirmer un diagnostic d’hépatite car on pourra observer :

• Une augmentation des transaminases (ASAT et ALAT)
• Un doublement des gGT
• Une diminution du taux d’albumine
• Une augmentation des immunoglobulines G (anticorps)
• Une déficience en facteurs de la coagulation
• Une hyperbilirubinémie (la bilirubine n’est pas éliminée correctement)
• Des lésions inflammatoires avec infiltration de cellules inflammatoires (lymphocytes T, lymphocytes B et plasmocytes)

Pensez-y !

Contre les hépatites B et D, la meilleure prévention est la vaccination !

En cas de relation sexuelle non protégée : je pense à l’hépatite B (en plus des autres IST comme le VIH, la syphilis et les chlamydiae).

• En France en 2016, seuls 17.5% des porteurs chroniques de l’hépatite B avaient connaissance de leur infection.
• Je suis porteur de l’hépatite B : je dois rechercher le virus de l’hépatite D (delta).

En cas de contact avec du matériel d’injection sans règles d’hygiène (tatouage, piercing, drogues injectables,… ).

• Je pense à l’hépatite B et l’hépatite C.

En cas de symptômes d’hépatites aiguës : le fond de l’œil jaune, la fatigue, le mal de ventre.

• Je recherche une hépatite aiguë A, B et C.

En cas de symptômes ou pour toute question sur les hépatites, je prends conseil auprès de mon médecin.

Le Saviez-vous ?

Chaque année, le 28 juillet, l’OMS marque la Journée mondiale contre l’hépatite pour sensibiliser au problème de l’hépatite virale et aux maladies qu’elle provoque. Le 28 juillet a été choisi en l’honneur du professeur Baruch Samuel Blumberg, lauréat du Prix Nobel, qui a découvert le virus de l’hépatite B et dont c’est la date de naissance.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fixé un objectif mondial d’élimination des virus de l’hépatite B  (VHB) et de l’hépatite C  (VHC) d’ici à 2030.  Les virus de l'hépatite B et C concernent beaucoup de personnes et engendrent de nombres décès.

La France s’est engagée à atteindre l’élimination de l’hépatite C d’ici 2025, en intensifiant les actions de prévention et de dépistage à destination des publics les plus exposés et en renforçant l’accès aux soins et au traitement de l’hépatite C.

Sources : OMS, Sante publique France