IST : Il n’y a pas que le VIH qui est sexuellement transmissible !

Mickael MARTINET, Biologiste Médicale chez Eurofins.

Les infections sexuellement transmissibles (IST), sont des maladies infectieuses pouvant être transmises lors d’un rapport sexuel (vaginal, anal ou oral) non ou mal protégé, avec ou sans pénétration.
Elles peuvent entraîner des répercussions sur la santé, sur la vie sexuelle, sur la fertilité et fréquemment sur le fœtus lorsqu'elles surviennent au cours de la grossesse.
Les IST sont provoquées par des agents infectieux : bactéries ou virus majoritairement.

Les principales IST bactériennes :

La syphilis

La syphilis est une infection causée par la bactérie Treponema pallidum. Elle progresse en plusieurs étapes et peut affecter, si elle n’est pas traitée, certains organes dont le cerveau.

En l’absence de traitement précoce, cette maladie peut évoluer vers le stade de neurosyphilis et devenir mortelle.

Les symptômes comprennent des éruptions et ulcérations cutanées. La durée et les symptômes des différents stades de la syphilis sont très variables d’un individu à l’autre, ce qui fait de la syphilis une maladie difficile à diagnostiquer.

Le diagnostic repose sur l’examen clinique et la sérologie. Le traitement de choix est la pénicilline G.

Les chlamydioses

La bactérie Chlamydia trachomatis est responsable de cette infection. Elle peut infecter les organes génitaux, l'anus et la gorge.

Les symptômes sont le plus souvent discrets mais peuvent également se manifester par :

  • des pertes vaginales blanchâtres chez la femme ou urétrales chez l’homme,
  • des douleurs et brûlures en urinant ;
  • des douleurs lors des rapports sexuels ;
  • des douleurs pelviennes (du bas du ventre) ;
  • des douleurs rectales et des écoulements par l’anus.

Une chlamydiose non traitée peut entrainer des problèmes de fertilité.

Le diagnostic se fait classiquement par PCR à partir d’une analyse d’urine chez l’homme ou d’un prélèvement vaginal chez la femme. En fonction des pratiques sexuelles, d’autres prélèvements locaux peuvent être envisagés (anus, gorge).

Le traitement de choix est l’azithromycine.

Le gonocoque

Autrefois connue sous le nom de « chaude pisse », cette infection est due à la bactérie Neisseria gonorrhoeae.

Les signes cliniques apparaissent rapidement, entre 2 et 7 jours après la contamination.

Chez l'homme, la principale manifestation clinique est l’urétrite (inflammation de l’urètre) avec écoulement purulent et des brûlures urinaires.

Chez la femme, l’infection à gonocoque est asymptomatique dans 70 % des cas. Lorsqu'elle est symptomatique, elle se traduit par une cervico-vaginite (inflammation du col de l’utérus et/ou de la paroi vaginale) et est souvent associée à des leucorrhées et à une urétrite responsable de brûlures urinaires.

Une gonococcie non traitée peut entrainer des problèmes de fertilité.

Le diagnostic se fait également par PCR (urines, prélèvement vaginal…) mais la bactérie est également cultivable permettant la réalisation d’un antibiogramme. 

Le traitement de choix est la ceftriaxone.

Les principales IST virales

Le VIH

Le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) est une maladie chronique, transmise par voie sanguine ou sexuelle (ainsi que pendant la grossesse et l’allaitement). Sa virulence est liée au fait qu’il se multiplie dans certaines cellules du système immunitaire (les lymphocytes CD4) et les détruit progressivement.

La primo-infection peut passer inaperçue, ou être responsables de signes non spécifiques (fièvre, éruption cutanée, fatigue, diarrhée). Puis la maladie peut rester silencieuse pendant de nombreuses années jusqu’à l’affaiblissement complet du système immunitaire : c’est le stade SIDA. Les sujets deviennent alors vulnérables à certaines maladies dites « opportunistes ».

Les dernières techniques de sérologie en laboratoire permettent d’exclure le VIH 6 semaines après la dernière prise de risque.

Selon Santé Publique France, le dispositif VIH sans ordonnance entièrement gratuit mis en place en 2022 a permis d’augmenter le nombre de sérologies de dépistage à 6.5 millions. Cette même année, environ 5 000 personnes ont été diagnostiquées VIH+.

Il existe aujourd’hui des traitements prophylactiques pour éviter la contamination comme la PrEP (prophylaxie pré-exposition) que les médecins généralistes sont autorisés à prescrire.

Les antirétroviraux actuels permettent aux personnes infectées de réduire drastiquement la charge virale, de vivre quasi normalement et de ne pas risquer de transmettre à leur tour le virus.

Les papillomavirus humains (HPV)

 

 

Les papillomavirus constituent une famille de virus qui se transmettent très facilement, quasiment exclusivement par contact sexuel avec ou sans pénétration. L’infection a lieu au début de la vie sexuelle et on estime que 70 à 80% de la population est exposé aux HPV dans leur vie. Le plus souvent, l'infection guérit en quelques semaines ou mois.

Il existe 120 types d’HPV capables d’infecter l’homme mais seuls certains peuvent provoquer des lésions cancéreuses.

Les HPV 6 et 11 sont responsables de 90% des condylomes ou verrues génitales. Ces lésions sont bénignes, mais ont tendance à récidiver.

En revanche, d'autres HPV, dits à haut risque, comme les HPV 16 et 18, sont en cause dans la survenue de 70% des cancers du col de l'utérus. Ces HPV à haut risque sont également associés au développement de lésions cancéreuses, notamment de l’anus.

La prévention se base à la fois sur la vaccination des adolescentes mais aussi sur le dépistage qui peut être réalisé par frottis ou plus récemment par auto-prélèvement pour les femmes de 30 à 65 ans.

Santé publique France rappelle qu’environ 3 000 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus et 1 100 décès sont répertoriés chaque année, et que moins d’une adolescente sur 5 était correctement vaccinée en 2017.

L'herpès génital

L'herpès génital est causé par un virus appelé Herpes Simplex Virus (HSV).

En France, l'herpès génital touche 20 % de la population sexuellement active et particulièrement les personnes âgées de 25 à 35 ans.

Il existe deux types de virus HSV :

  • HSV-1, qui se transmet par contact oral, à l’origine de lésion labiale type bouton de fièvre et est responsable des formes oculaires ;
  • HSV-2, qui se transmet par voie contact sexuel, à l'origine des herpès génitaux.

La majorité des personnes contaminées ne présentent aucun symptômes mais quand ils existent, la douleur peut être intense et s'accompagner de fièvre et de fatigue.

C’est un virus qui ne s’élimine pas, il reste latent mais il est susceptible de réactiver et de donner de nouvelles poussées.

Le diagnostic est principalement clinique, mais il est possible de réaliser une PCR sur la lésion pour le confirmer.

Il existe des antiviraux permettant de réduire la durée et l’intensité des crises.

Hépatite B

Il existe de nombreuses hépatites virales, mais l’hépatite B est l’une de celle que l’on peut contracter lors d’un rapport sexuel non protégé.

Les symptômes peuvent inclure de la fatigue, des douleurs abdominales, une jaunisse et des troubles hépatiques graves.

Le diagnostic se fait au laboratoire par une sérologie.

Le traitement repose sur l’utilisation d’antiviraux dans les cas d’hépatite chronique ou fulminante.

La vaccination est efficace et protectrice lorsqu’elle est réalisée dans l’enfance.

Prévention :

L'utilisation du préservatif reste le meilleur moyen de se protéger des IST.

Plusieurs préservatifs masculins et féminins sont remboursés par l'Assurance Maladie à hauteur de 60 %  pour les 26 ans et plus. La délivrance s’effectue en officine de pharmacie sur présentation d’une prescription d’un médecin ou d’une sage-femme.

Pour les moins de 26 ans, certains préservatifs sont pris en charge à 100 % sans ordonnance et sans minimum d'âge. Pour bénéficier de cette mesure et obtenir gratuitement la délivrance d'une boîte de préservatifs, il suffit de se rendre en pharmacie et de présenter sa carte vitale ou une attestation de droits ou à défaut sa pièce d’identité.

Pour les personnes mineures, une simple déclaration sur l’honneur suffit à justifier son âge ou son statut d’assuré social (ou de bénéficiaire de l’AME). Toute personne mineure peut demander à garder le secret de la délivrance.

 

Il existe des vaccins pour certaines IST (hépatite A, hépatite B, HPV). On peut être porteur d'une IST sans se sentir malade, sans présenter de symptômes et donc la transmettre sans s'en rendre compte.

HPV: Pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH),la vaccination HPV est recommandée jusqu’à l’âge de 26 ans en prévention des lésions précancéreuses anales, des cancers anaux et des condylomes.

 

La seule façon de savoir si on est porteur d'une IST est le dépistage : en laboratoire, avec une ordonnance, ou sans ordonnance pour le VIH ; ou dans ces centres gratuits type CeGIDD (Centre Gratuit d’Information, de Dépistage et de Diagnostic).

Le Saviez-vous ?

Le dépistage des IST est pris en charge à 100% par l’Assurance Maladie, sans ordonnance et sans avance de frais, pour les jeunes de moins de 26 ans.

Au-delà de 26 ans, la prise en charge est assurée à hauteur de 60% par la Sécurité Sociale, les 40% restants étant couverts par la mutuelle dans le cadre du tiers payant ou par le patient directement.

Sources :

Santé Publique France / Ameli.fr / Vidal.fr

Le livre des infections sexuellement transmissibles (disponible ici) 

 

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