Le Cholestérol est-il vraiment un ennemi ?

Dr. Chadi HOMEDAN, Biologiste Médical chez Eurofins.

Le cholestérol est un corps lipidique (graisse). Notre organisme a besoin de graisses pour fabriquer de l’énergie, et deux catégories de graisses circulent dans notre sang : le cholestérol et les triglycérides. Dans cet article, nous allons nous concentrer sur le cholestérol.

Trois quarts de notre cholestérol est fabriqué dans le corps ; notamment dans le foie, et un quart est apporté par l’alimentation.

Malgré sa mauvaise réputation, le cholestérol joue des rôles importants dans l’organisme : il rentre dans la composition des membranes qui entourent nos cellules comme les cellules du cerveau et les cellules nerveuses, il est indispensable pour la fabrication de nombreuses hormones (comme les hormones stéroïdiennes), il est également un précurseur des acides biliaires nécessaires à la digestion des graisses et permet l’absorption de la vitamine D.

Le cholestérol est une substance essentielle au bon fonctionnement de notre organisme.

Le cholestérol se trouve dans le sang sous deux formes différentes :

  • Le HDL-Cholestérol, appelé aussi le bon cholestérol, puisqu’il permet de transporter le cholestérol hors des artères et vers le foie pour être éliminé de l’organisme.
  • Le LDL-Cholestérol, c’est le mauvais cholestérol, il peut s’accumuler en silence pendant des années dans les parois des vaisseaux sous formes des plaques d’athéromes, à un moment donné ces plaques peuvent boucher le vaisseau en question causant un accident vasculaire.
  • Le cholestérol total : c'est la somme du cholestérol LDL et HDL.
L’excès du cholestérol : selon la Fédération Française de Cardiologie, dix millions de personnes en France ont trop de cholestérol.

L’augmentation du LDL-C fait partie d’une famille des maladies touchant le métabolisme des lipide appelée les dyslipidémies ; un taux élevé du LDL-C est un facteur du risque majeur pour les maladies cardiovasculaires comme l’infarctus du myocarde, les accidents vasculaires cérébraux et parfois les artérites des membres inférieurs (parmi les autres facteurs de risques cardiovasculaires on peut citer : l’hypertension  artériel, le tabagisme, le diabète, le surpoids, l’âge > 40 ans, un taux bas du HDL, et le sexe masculin).

Quelles sont les raisons de l’excès en cholestérol :

  • Une alimentation riche en graisse saturée : viandes, œufs, fromage.
  • La prédisposition génétique : l'hypercholestérolémie familiale, une condition héréditaire qui affecte la manière dont le corps métabolise (traite) le cholestérol.
  • Une maladie secondaire : plusieurs situations pathologiques peuvent affecter le taux de cholestérol comme l’obésité, le diabète, l’hypothyroïdie (fonctionnement insuffisant de la thyroïde) et les maladies rénales ou hépatiques.
  • Certains médicaments comme les diurétiques, les bêta-bloquants, et certains traitements hormonaux, peuvent augmenter les niveaux du cholestérol.
  • Le mode de vie : la sédentarité et le manque d'activité physique, le tabagisme qui peut réduire le taux de cholestérol HDL (le "bon" cholestérol) et augmenter le taux de LDL (le "mauvais" cholestérol, enfin la consommation excessive d'alcool peut induire une libération importante de triglycérides dans le sang.

Comment contrôler son taux du cholestérol :

Le dosage du cholestérol fait partie d’un examen biologique appelé « exploration d’anomalie lipidique » (EAL). La société française de cardiologie (SFC) conseille de réaliser un bilan lipidique chez tous les adultes. Sans anomalie dépistée, il n’est pas nécessaire de refaire un contrôle avant 5 ans. Le bilan lipidique représente une situation instantanée ; les résultats peuvent varier en fonction notamment de l’alimentation et de la situation pondérale.

Le bilan lipidique est fait par une prise de sang a jeun.

L’exploration d'une anomalie lipidique (EAL), consiste aux dosages du cholestérol total (CT), du HDL-cholestérol et les triglycérides (TG), à partir desquels la concentration du LDL-cholestérol est calculée par une formule scientifique.

Le bilan est réalisée le matin à jeun (minimum 12 h), cela signifie que le patient ne doit consommer ni nourriture, ni boissons « à part de l’eau » pendant cette période ; il est aussi conseillé d’éviter une activité physique intense ou la consommation d’alcool la veille de la prise du sang. Les patients doivent signaler au laboratoire tous les médicament qu’ils prennent.

Le bilan lipidique est considéré normal chez un sujet sans facteurs du risque si les résultats sont comme le suivant :

  • Cholestérol total < 2g/L
  • LDL - C < 1,6 g/L 
  • HDL - C > 0,4 g/L
  • TG < 1,5 g/L.

Ces valeurs peuvent varier selon les facteurs de risques cardiovasculaires chez la personne.

Comment lutter contre l’augmentation du taux de cholestérol (l’hypercholestérolémie)

Afin de réduire le taux de mauvais cholestérol, nous avons deux leviers ; le premier est diététique : la Fédération Française de Cardiologie pense qu’on peut réduire de 15 % le taux du mauvais cholestérol en adoptant un mode alimentaire équilibré.

En pratique :

1 -L’apport quotidien en graisses ne doit pas dépasser 300 mg/jour et doit représenter moins de 35 % de l’apport calorique total journalier.

2- Limiter l’apport en graisse dites saturées, ces graisses sont reconnaissables au fait qu’elles sont solides à température ambiante (fritures, beurre, lard, charcuterie, fromages, viandes grasses).

3- privilégier les aliments contenants des matières grasse d’origine végétale (huile d’olive ou de colza) et des aliments contenants une matière grasse allégée (margarine et lait demi-écrémé, fromages allégés).

4- Augmenter la part des fibres en mangeant 5 fruits et légumes par jour.

5- Pratiquer une activité physique régulière ; la régularité de l’effort est plus importante pour le cœur que son intensité, idéalement il faut marcher 30m/jour ; ce genre d’activité peut même faire augmenter le taux du bon cholestérol

Le deuxième levier pour baisser son taux du cholestérol est médicamenteux : les mesures thérapeutiques sont employées généralement lorsque trois mois de mesures diététiques appropriées (régime anticholestérol) n’ont pas suffi à ramener les taux de cholestérol LDL à une valeur normale.

Il existe plusieurs classes de médicaments pour lutter contre l’hypercholestérolémie, ils agissent soit en réduisant la synthèse du cholestérol comme les statines ou bien en inhibant l’absorption de celui-ci comme l’Ézétimibe ; une troisième famille, « les fibrates », est aujourd’hui moins utilisée par ce que son action sur le taux du cholestérol est limitée. Bien évidemment, un avis médical spécialisé est nécessaire pour la mise en place et le suivi du traitement.

En conclusion :

Le cholestérol ne doit pas être perçu comme un ennemi. En effet, il joue un rôle important dans de nombreuses fonctions corporelles, cependant, il est essentiel de maintenir un équilibre et de contrôler ses niveaux de manière appropriée. En adoptant une approche équilibrée, le cholestérol peut vraiment être un allié.

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